Pesticides : 2023, année décisive ?
À partir du 05/04/2023
La France est le principal consommateur européen de pesticides chimiques de synthèse. Les interdictions envisagées tardent à se concrétiser.
Par Marie-Pierre Chavel
Les agriculteurs sont les premières victimes des pesticides.
La loi Labbé qui interdit les pesticides chimiques de synthèse* dans les propriétés privées, les lieux publics et ceux à usage collectif est « une grande avancée pour la France que l’Europe regarde avec intérêt », assure Nadine Lauverjat, de Générations futures, association de protection de l’environnement et de la santé. Mais la déléguée générale déplore le manque de « signaux politiques forts » encourageant les agriculteurs à lever le pied eux aussi.
La frilosité des dirigeants
Une bonne nouvelle cependant : en janvier, suite à un arrêté de la Cour de justice européenne, la France a renoncé à accorder une nouvelle dérogation permettant aux producteurs de betteraves à sucre d’utiliser des insecticides néonicotinoïdes. « Il faut désormais faire évoluer en profondeur notre agriculture vers l’agroécologie, réagit Nadine Lauverjat. La loi d’orientation agricole qui s’annonce** doit favoriser les systèmes de production non dépendants des intrants chimiques, d’abord des pesticides de synthèse. »
Le glyphosate reste l’herbicide le plus employé bien que classé cancérigène probable par le Centre international de recherche sur le cancer. Emmanuel Macron avait annoncé son interdiction avant de se rétracter. Dans l’UE, il bénéficie d’une autorisation temporaire reconduite en 2023.
Le marché européen compte 53 pesticides très dangereux. L’UE vise la réduction de 50 % des produits phytosanitaires d’ici à 2030, mais est freinée par des acteurs économiques et des États membres craignant une baisse des rendements.
* Sauf produits de biocontrôle ou ceux à faible risque.
** Après diverses concertations, elle devrait être proposée en juin.
ÇA C'EST BIOCOOP
Le jus militant
En agriculture conventionnelle, une pomme est traitée chimiquement en moyenne 35 fois par an, selon Générations futures.
Le Jus de pomme militant Biocoop, issu de vergers en conversion vers la bio, est obtenu sans pesticides chimiques de synthèse. L’acheter, c’est soutenir Générations futures dans ses travaux d’information et de recherche sur les pesticides. Biocoop lui reverse 0,15 € par bouteille vendue, soit environ 56 000 € depuis 2019.
Article extrait du n°128 de CULTURE BIO , le mag de Biocoop, distribué gratuitement dans les magasins du réseau, dans la limite des stocks disponibles.